Prélévements de salaires

Dans les milieux de l'enseignement, on ne parle ces derniers temps que
de l'opération des défalcations de salaires, suite aux grèves observées
par nombre de professeurs, durant ces derniers temps. Une vague de
protestation et d'indignation s'empare du corps enseignant suite à ces
décisions prises par le ministère de tutelle, depuis déjà quelques mois,
alors que les syndicats se trouvent à présent dans l'expectative, après
avoir enchainé une série d'appels irréfléchis à des débrayages de
riposte de plus en plus intenses. Est-ce le recul pour préparer d'autres
bonds ? Ou le sentiment de repentir d'avoir mis les enseignants dans
des situations désagréables, surtout que le mandat de bon nombre d'entre
eux se compte au centime près ?
Récemment, il semble bien que Mohamed Louafa, ministre de l'éducation
nationale est déterminé à aller jusqu'au bout de sa décision, à l'instar
de ses collègues d'autres départements et à la différence de ses
prédécesseurs, Latifa Labida et Ahmed Akhchichen qui, rappelons-le, sont
revenus sur les défalcations de salaires.
Effectuant des rencontres à travers le pays, dans le cadre des réunions
des conseils d'administration, le responsable national du secteur
n'aurait pas été accueilli comme il se devait, à cause de ces sentiments
de frustration dont pâtissent les victimes, non pas seulement du fait
qu'elles se sont vu retenir des sommes allant jusqu'à 1200 DH de leur
salaire, mais également de multiples démarches ayant trait à la
profession. Il est bien évident que ces mesures «disciplinaires»,
entamées d'une manière rigoureuse, occasionneraient des tensions encore
plus ardues, attisées de plus belle par les organisations syndicales qui
se sentent un peu coupables de cette situation de sanction
rédhibitoire. Cependant, d'aucuns se rappelleront que ces arrêts de
travail ont été initiés par des enseignants qui, pour la plupart, ne
savaient même pas pourquoi ils répondaient aux appels aux grèves sans
motif, si ce n'est à des fins vindicatives contre tel ou tel responsable
des délégations de la région et à l'académie régionale. On faisait
grève parce qu'on prenait goût au repos, sans se rendre compte qu'on
portait préjudice aux cours des enfants jetés lâchement dans les rues.
Sachant aussi que nombre d'enseignants, sans scrupule aucun et sans
faire de distinction responsable entre telle ou telle organisation
syndicale, font grève à l'appel de n'importe quel syndicat, même il est
adhérent à un seul. Une véritable anarchie qui confirme,
malheureusement, la nonchalance et l'indifférence avec lesquelles se
comportent bon nombre de professeurs avec la problématique des grèves, à
tel point que le ministère, pour satisfaire des revendications souvent
destinées à l'éviction des responsables des délégations et de
l'académie, a écarté un nombre impressionnant de ces responsables.
Alors, en fin de compte, on ne devrait qu'assumer la responsabilité des
conduites incongrues dont on a fait preuve pour des grèves souvent
injustifiées. La rigueur fait, bien entendu, des mécontents aujourd'hui,
mais l'anarchie a toujours des limites.


Saoudi El Amalki